mercredi 1 mai 2013

Bolivar Gold Medal

Fi des bimbos modernes aux pare-chocs siliconés, je m'en vais vous conter mon flirt avec ce lonsdale désuet, au charme antique et discret.

L'habillage un brin tape à l'oeil pourrait laisser penser que l'on a affaire à une prostituée échappée de quelque orgie gomorrhéenne. Il n'en est rien, nous sommes ici en présence d'une vitole raffinée et complexe, plutôt grande dame Victorienne que catin de Babylone.

Passé le lent effeuillage, un corps fin se découvre, à la cape délicate et bien tendue. Telle la peau lisse sur la fesse d'une danseuse, l'envie irresistible d'y poser les lèvres ne tarde pas à m'envahir et j'embrasse fébrilement le seyant fessier tout en apprêtant la flamme gardée cachée jusqu'alors.

Premiers baisers furtifs et légers, la dame garde ses distances et laisse monter le désir sans précipitation. Seules quelques effluves de truffe miellée se laissent deviner tandis que l'on glisse au long du cou de la belle.

Le corsage s'ouvre, dévoilant tout un panel de douceurs, comme les rayons du soleil entrant par surprise à la faveur d'une éclaircie. L'air ambiant s'échauffe et se charge d'odeurs chocolatées, le parfum s'épice, laissant entrevoir un final torride.

Puis la dame finit de livrer entièrement, totalement et sans conditions une déferlante d'animalité chaude et transpirante. Rythme soutenu, orgasme interminable, feu sensuel offert au seul amateur l'ayant caressée avec passion et tact, la belle sait récompenser l'explorateur galant à hauteur de la patience déployée.



mardi 30 avril 2013

C'est le frère du Blue Label de la même fabrique, goûté il y a peu. 
Voyons s'il est aussi costaud que la légende le prétend...





A cru il renifle fort le café et le cacao, ce qui n'est pas sans rappeler un Camacho Corojo. 

3, 2, 1... Ignition : ça envoie du lourd dès que l'allumette a fini de rebondir dans le cendrier. Herbes coupées, poivre, terre, brulure linguale, tout y est, en route pour l'enfer. Fort heureusement, au bout de quelques bouffées, l'animal se calme et se cale sur des tonalités poivrées (bien sûr !), mais avec une part de bois et un côté fondu assez Cubain. Voilà qui est rassurant pour la suite. 

 En avançant, le poivre ne s'éclipse pas, mais évolue, tantôt vert, tantôt noir. Un exemple de changement dans la continuité en quelque sorte... Des pointes florales se glissent quand même ici et là entre deux retours de cacao. Je lui trouve bien évidemment une grosse ressemblance avec son cousin bleu, mais en moins attachant. Comme si la cuisson plus longue de ce Cuban Classic avait amoindri la palette -déjà étroite- du phocidé en costard : les amandes et la noisette se font désirer.

- «Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
- Je ne vois rien que le barreau de chaise qui fumoie, -que même que ça cache la télé-»

Malin le coyote, à recommander à ceux qui n'ont toujours pas trouvé le bouton rouge de la télécommande, pour les autres, le Blue Label me semble un choix plus judicieux. A essayer avec un litre de tequila. Une fois pété comme un évadé fiscal Suisse, l'ennui doit s'estomper. Gare tout de même à la fracture du fémur en cas de chute du fauteuil roulant.  


(Article initialement paru le 25/11/11 sur mon ancien blog.)

lundi 10 septembre 2012

Cubao Maduro -Rothschild-

Un cigare qui n'a rien pour lui ; il est Américain (à base de tabac Nicaraguayen) et porte un des patronymes les plus détestable, j'ai nommé Rothschild.

Je ne m'étendrai pas sur le pédigrée de cette famille de banquiers, à la tête du plus gros arsenal de voleurs et d'assassins des 200 dernières années, mais une fois de plus, l'habit ne fait pas le moineau : c'est une grande réussite. A tel point que ce beau petit trapu bronzé a disparu du marché (comme l'ensemble de la marque Cubao), victime du rouleau compresseur E.O, sorte de fossoyeur du bon goût qui ambitionne visiblement de créer un empire gustativo-cigaristique à peu près aussi médiocre et rentable que son pendant gastronomique enfourneur de Big Mac. Même si faire disparaitre un Rothschild est en soi un acte louable, féliciter le goujat n'est pas à l'ordre du jour.

Qu'importe. On en dégotte encore quelques boites au pays des cow-boy bedonnants et il serait judicieux d'exploiter les derniers stocks survivants pour s'en régaler goulument.
Dans la lignée du Lancero Oliva (dont je vous ai déjà dit tout le bien que je pense), ce petit bout est lui aussi, dans son genre, une vraie friandise :

Démarrage rapide et facile sur du chocolat noir qui serait tombé dans un feu de broussaille (un bonheur de rétro-olfaction !), s'asséchant progressivement pour tirer franco sur le cacao amer. En enfournant une paire d'amandes et des grains de café à l'approche de la bague, vous voila à la tête d'un résumé succinct mais à peu près exhaustif de la ligne gustative, simple et gourmande, de cette victime du goujat Ortega. Ortega qui ferait peut-être mieux de continuer à étoffer sa collection de chapeaux et de santiags plutôt que de terminer de tuer la poignée d'amoureux des bonnes choses, qui s'évertue encore malgré la médiocrité ambiante, à fabriquer de délicieux cigares typés et gourmands, sorte de dernier rempart à la standardisation du goût par la fadasserie aseptisée, et qui nous rappelle que les Yankees ne produisent pas que du sandwich bourratif, des bagnoles laides et des films de merde, mais aussi des bonbons fumants pour adultes. Nombre de producteurs de foin (Rocky Patel en tête) feraient bien de s'en inspirer, à l'aube de l'ouverture au marché US de la production Cubaine, et donc de la disparition définitive (et déjà bien entamée) de ses joyaux.






La boite façon "retrouvée dans l'épave d'un vieux galion de corsaires" est assez réussie.







vendredi 10 août 2012

Oliva série V -Lancero-

Une petite merveille, un bâton gourmand fait cigare; tous les aspirants crapoteurs devraient le fumer sous peine de se voir refuser l'accès aux modules plus prestigieux.

Il est magnifique, bien construit, goûteux et pas très cher. En plus, il ne déçoit jamais (oui, c'est un Nicaraguayen), et je ne parle pas du format, d'une classe intemporelle, à faire passer la moustache de Clark Gable pour une fantaisie digne du cirque Pinder (l'odeur de pisse de chameau en moins).

Alors bien évidemment, il n'évolue pas des masses (encore que le final soit parfois haut en couleurs, avec un purin n'ayant rien à envier à un bon Partagas -de plus en plus rare, à l'image du D Especial que j'ai fumé cette semaine : une daube sans nom à sécher et reconvertir en saucisse anti-tartre pour les canines de votre Labrador-), mais ses saveurs simples et généreuses font que les vilains doigts boudinés de votre serviteur vont taper dans la boite plus que de raison quand il cherche un compagnon digne d'intérêt et sur qui il sait pouvoir compter sans contrepèterie gustative déplacée.
En contrepartie, il faudra le laisser conduire les opérations; hors de question de le brusquer, c'est le format qui dicte le rythme, un peu de patience que diable !

Bref, il sera à l'apéro rhum - single malt - Chablis - grenadine (rayez les mentions inutiles, sauf si vous aimez les mélanges) ce que le dernier verre est au processus pré-fornicatoire : un passage obligé, très plaisant et qui gagne à être bien mené pour une efficacité maximum.






mercredi 8 août 2012

Camacho Corojo -Toro-

Encore un individu qui bogarte ma cave, mais Hondurien cette fois.

Amateurs de raffinement, de subtilité, de discrétion et d'évolutivité, passez votre chemin : ce cigare est 
un rail. Une Harley sans freins traversant le désert du Mohave à tombeau ouvert. Un monument, à l'image de Clay Morrow, le président des Sons Of Anarchy qui en fume en quantité industrielle.

Ça démarre sur les chapeaux de roue, l'allumette n'a pas encore touché le cendrier qu'une puissante décharge de poivre, de bois, de terre et de cacao m'arrive directement dans les dents.

A l'exception du poivre qui disparait assez vite, ces arômes ne feront que s'intensifier au fil de la dégustation. La fumée se fait progressivement plus crémeuse et fondue, donnant l'impression que ce Toro calme le jeu niveau puissance.

Un mot sur la construction : elle est parfaite, ce qui est logique étant donné qu'il est 
Hecho a mano... mais au flip-flap ! Allumage immédiat, combustion exemplaire, tirage de cheminée... l'exact opposé d'un Cubain finalement. A ce propos, la guillotine est à proscrire, emporte-pièce petit format obligatoire sous peine de déclencher tous les détecteurs de fumée de l'immeuble.

Un excellent cigare. Viril, compagnon idéal d'une soirée alcoolisée. D'ailleurs, il s'entendrait sûrement très bien avec un Knockando 15y, dont le caractère un peu caillouteux, chocolaté et légèrement caramélisé rendra bien la pareille à notre Camacho.

L'antithèse même du snobinard : rusticité assumée, un brin macho et qui en donne beaucoup pour une poignée de dollars. "Tu vois Tuco, il y a ceux qui creusent et ceux qui fument des Camacho. Toi, tu creuses".



















Pour ceux que ça intéresse, une vidéo à 
la bande son difficilement supportable, mais qui montre bien l'intégration de la technologie au sein de la fabrique Camacho :

Rancho Jamastran -- Camacho Cigars from Camacho Cigars on Vimeo.



(Billet originellement publié en novembre 2011 sur l'ancien blog)

A bas la dégustation !


J'en vois beaucoup qui picolent du whisky, fument des cigares, voire bouffent comme des porcs. Et c'est bien normal, ce sont trois des activités de remplissage les plus prisées de l'homme Occidental. 

Halte donc à l'hypocrisie de la dégustation ! Ici on bâfre, on boit, on crapote des barreaux de chaise, et on assume.

Pourquoi un blog de plus me demanderez-vous? Simplement parce qu'on ne parlera que de cigares et de bonnes choses, point. 

Mais autant être clair dès le début, pas question de feindre ne pas voir que "savourer un Château Margot 85" revient exactement à "siffler du rouge avec le petit doigt en l'air". Et comme on n'est pas des fiottes, ici on ne fait que très peu de gymnastique auriculaire, à l'exception du crochetage nasal, pour lequel l'usage du plus fin groupe de phalanges s'avère d'une efficacité redoutable.

Asseyez-vous, il y a des cigares dans la caisse en bois et des allumettes sur la table. 
Pour ouvrir? Mettez un coup de dents, on est entre nous...